À la veille du 1er tour des élections législatives, provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, la question du poids réel des influenceurs, dans le combat contre l’absention notamment, se pose. Doivent-ils s’exprimer ? Doivent-ils donner des « consignes de vote » ? Quelle est leur place dans l’échiquier politique ?
Élections législatives : la place des influenceurs au coeur des débats
Quelle est la place d’un influenceur au moment d’une élection ? Influenceur de télé-réalité, mais aussi créateurs de contenu, artistes, écrivains… Nombre d’entre eux ont pris la parole ces derniers jours sur leurs réseaux ou dans les médias plus traditionnels pour appeler simplement au vote, ou pour orienter un peu plus leur communauté sur la couleur de ce fameux vote.
Et les réactions ne tardent pas à tomber, mettant en lumière tout le paradoxe français. « Restez à votre place », « Ras-le-bol de la propagande », « Je ne viens pas ici pour parler politique »… Les amabilités s’enchaînent, alors que celles et ceux qui font le choix de se taire sont sommés séance tenante d’apporter leur pierre à l’édifice. Le silence ne convient pas, l’expression d’une opinion non plus. Allez comprendre.
Mais concrètement, quel est le véritable impact de ces prises de risque position ? Difficile à dire avant les résultats du 1er tour. Une chose est sûre, s’exprimer sur la politique est clivant. Les top influenceurs et célébrités appelant à voter contre l’extrême-droite, comme Squeezie ou Léna Situations, ne risquent actuellement pas grand-chose si ce n’est la perte de followers, généralement assez rapidement compensée dans les semaines suivant l’appel au vote. En termes d’image, ils se retrouvent donc à la fois salués et conspués.
En revanche, ceux qui appellent ouvertement à voter pour l’extrême-droite se font bien plus rares, le risque de retour de bâtons étant maximisé : perte d’abonnés, pertes de contrats, etc. Il ne fait pas bon voter pour le Front National – pardon, le Rassemblement National.
Les influenceurs vont-ils influencer le vote des jeunes ?
Rien n’est moins sûr. Rappelons-nous les élections présidentielles américaines en novembre 2016, qui ont vu l’avènement de Donald Trump. Influenceurs et célébrités d’Hollywood, traditionnellement « démocrates », se sont fortement mobilisés et plus dure fut la chute. Cette année, tous les regards sont tournés vers Taylor Swift : sera-t-elle capable de retourner la situation, pour le moment à nouveau favorable au plus extrême des présidents américains ?
En France, ce n’est pas tant les influenceurs qui vont grandement influencer le vote des jeunes, mais bien les contenus disponibles à l’envi sur les réseaux sociaux, Tik Tok en tête. À coups d’edits de plus ou moins bonne qualité, tel candidat se voit glamourisé, tel discours se voit tronqué pour en tirer le meilleur, ce qui fera parler… Le fond des programmes ? Peu importe, tant que l’image est belle, tant qu’elle est impactante. Les élections législatives se jouent clairement en ligne, grâce aux vidéos courtes, quitte à oublier l’enjeu national. C’est à celui qui fera le plus de vues.
En conclusion : l’influence et la politique, je t’aime moi non plus
Les influenceurs et artistes s’expriment donc, et si cela signifie qu’un nombre infime d’abonnés exposent bruyamment leur mécontement et annoncent leur départ comme dans un aéroport, peu importe. Mais cela aura-t-il un impact concret dans les urnes dimanche ? Je ne pense pas. Au final, chacun reste bien à sa place, dans sa bulle.
Leur rôle dans l’échiquier politique est assez clair : les méga influenceurs ne sont pour le moment que des pions au service de la communication des partis, même s’ils s’en défendent. Au final, beaucoup de bruit pour rien ?
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