Le saviez-vous ? Dans votre vie professionnelle et parfois personnelle, sans le savoir, vous souffrez peut-être du syndrome de l’imposteur. Loin d’être une « mode » destinée à se faire plaindre, notamment sur les réseaux sociaux, ce syndrome est à différencier d’un « simple » manque de confiance en soi. D’où vient cette sensation qui peut bouleverser la façon dont on s’appréhende, s’apprécie et « se vend » auprès de ses collègues et réseaux professionnels ?
Le syndrome de l’imposteur : un poids sur les épaules
Définissons ce qu’est le fameux syndrome de l’imposteur : « Découvert aux États-Unis à la fin des années 1980, le syndrome de l’imposteur touche certaines personnes qui réussissent parfaitement dans la vie, mais ne s’en attribuent pas le mérite. Une modestie poussée à l’extrême qui signe un profond malaise. » Le syndrome, c’est aussi (et surtout) : « la sensation de tromper son entourage. Le sujet estime que, s’il réussit, ce n’est jamais grâce à ses propres qualités, mais par chance, par malentendu ou par hasard. Stéréotypes sociaux obligent, il semblerait que les femmes soient davantage touchées. »
En nuançant fortement la première partie de cette définition (toutes les personnes atteintes ne « réussissent » pas parfaitement leur vie), attardons-nous sur ce sentiment auto-entretenu d’incompétence et de doute sur sa personne et ses compétences, et qui persiste malgré les succès.
Le syndrome et moi : une histoire de (dé)samour
Cette sensation d’imposture est arrivée au fil des ans, s’est insinuée dans mes vies professionnelle et « bloguesque » (une réussite pour cette dernière, puisque j’ai méthodiquement saboté mes chances de succès). Et plus les années passent, plus elle prend de place et me met dans des situations compliquées, voire me met carrément des bâtons dans les roues.
Retour en arrière, il y a une bonne quinzaine d’années : j’étais jeune, junior, avec un certain caractère très affirmé. L’expérience aidant, j’ai réussi à mettre (un peu) d’eau dans mon vin niveau caractère, mais au fur et à mesure, j’ai perdu une grande partie de la confiance en mes capacités et savoir-faire professionnels. La faute à une expérience qui, en seulement trois mois, a sapé toutes les bases de la confiance en moi. Pourquoi suis-je là ? Pourquoi me fait-on confiance ? Pourquoi me choisir ? Pourquoi m’écouter ?
J’ai souvent besoin d’être rassurée et écoutée. À cela s’ajoute une impression de lasser mon monde quand j’évoque cette insécurité mentale. Si mon interlocuteur doute, montre – selon moi et mon approche sans doute biaisée de la situation – qu’il n’est pas content de ce que je produis, qu’il n’apprécie pas mon comportement, que je l’énerve… Je m’emballe et me renferme dans une espèce d’armure protectrice. C’est sûr, je vais devoir faire mes cartons, merci et au-revoir. C’est quelque chose qui peut aller très vite. Tout d’un coup, « ils » vont réaliser, « ils » se sont trompés dans le recrutement, je ne suis pas celle qui leur faut.
Et plus d’une fois, mon parcours professionnel a pâti de ce cercle vicieux, car plus je m’emballe, plus je m’enferme, plus je deviens « difficile d’accès ». Alors que sous cette couche de défense se cache un Bisounours qui ne veut rien d’autre que bien faire, satisfaire son entourage, profondément heurtée quand « l’autre » refuse de creuser un peu le sujet.
Comment se défaire de ce sentiment d’imposture ?
Si le syndrome de l’imposteur n’est pas reconnu comme un trouble psychiatrique, le sentiment d’échec et la faible estime de soi seraient des signes associés à la dépression, selon les professionnels de la profession. Une affirmation également à nuancer, car en guise de traitement, la solution serait… un suivi psychologique. Certains prêchent donc clairement pour leur paroisse.
Alors, comment se défaire de ce syndrome qui toucherait tout de même 7 personnes sur 10 ? Sur Internet, il existe pléthore de conseils (pro-psy comme ici, pro-bilan de compétences ou plus simple), il s’agit donc de faire le tri. Néanmoins, avant de passer par la case psychothérapie, il y a des étapes clés qui peuvent aider le patient, comme les faits :
- d’accepter les compliments
- de se créer un tableau quotidien – ou a minima hebdomadaire – des tâches réussies haut la main (pas seulement de cocher les points de sa to-do list)
- de se libérer des injonctions à la perfection qui pullulent sur les réseaux sociaux (entre autres) et dans le même ordre…
- … de s’autoriser à échouer (plus facile à dire qu’à faire)
- d’en parler à un/une collègue de confiance, si vous en avez, pour qu’il/elle vous remette sur les rails en cas de besoin
« Citez-moi vos forces et faiblesses », vous avez forcément entendu cette question lors d’entretiens d’embauche parfois terriblement frustrants. Sachez que le syndrome de l’imposteur peut être perçu comme une faiblesse, mais sachez aussi que s’en rendre compte est le premier pas vers la guérison.
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