C’est une petite bébête qui monte, qui monte et qui n’hésite pas à s’infiltrer dans chaque parcelle de votre corps. Elle vous fait voir la vie, les gens, les situations en noir et ne disparaît pas par enchantement. Elle, c’est la mauvaise humeur.
La mauvaise humeur : ruminer et psychoter
Elle a surgi lundi, sans permission, au détour d’une conversation banale. Oh elle était tapie, là, dans le fond, depuis le week-end et ne demandait qu’à sortir à la faveur d’une pique, d’une remarque, d’une situation jugée vexante. En toute subjectivité.
Respirer, expirer, écouter la voix de la raison
Et donc lundi, la voilà qui me prend toute entière. Je suis énervée, un rien m’agace. Le chat qui miaule, l’ordinateur qui plante, ma mère qui ronfle et… cette situation où je me suis sentie flouée, dépassée, qui embrase tout. Décortiquer des phrases, imaginer des intonations dans de simples messages et donc, en changer la perception. Se dire qu’on n’est rien, qu’on ne sert à rien, qu’on est la cinquième roue du carrosse.
Rien n’apaise la mauvaise humeur, bien au contraire. Cette réflexion qui, probablement, n’en est pas une. Ces échanges virtuels où je devine des soupirs et des agacements qui, probablement, n’existent pas. Les tentatives d’enrober la journée de gourmandises de ma mère… Je suis ronchon, énervée, exaspérée. Je pourrais déchiqueter quelqu’un en quelques mots si l’occasion se présentait. Je connais le pouvoir des mots et je sais que la méchanceté peut se cacher en quelques phrases.
Et malgré tout, je lutte, je me bats pour ne pas sombrer dans une semaine entière de colère, justifiée ou non. Car la mauvaise humeur teinte la vie de noir. Je sais que, quelque part, j’ai tort. J’ai tort de réagir comme je le fais. Ce n’est pas un comportement d’adulte, de professionnel. J’ai tort d’imaginer le pire. J’ai tort de prêter aux autres des pensées qu’ils n’ont, probablement, pas.
Alors je me pose, je regarde la vie ailleurs. Celles de mes amies, dont certaines m’envoient du réconfort par camions entiers. Je respire. Je mets des mots sur mes maux : je suis épuisée, fatiguée, vidée, démotivée. Voilà l’explication. Je le sais pourtant, quand ma fatigue rencontre un obstacle dans la routine de ma vie, la machine se grippe. Il est urgent de remettre de l’huile dans les rouages.
Ce qui est dur à vivre, ce sont les obstacles qui s’accumulent. Un déménagement qui recule au fil de la situation sanitaire, des appareils technologiques qui tombent en rade, impossibles à changer faute d’argent. Des comptes bancaires dans le rouge justement. Le chat qui se révèle malade. La mère qui part chaque jour un peu plus en morceaux et qu’il faut soutenir, porter, faire vivre… Je suis si fatiguée. Et quand la mauvaise humeur est là, elle aime se repaître de la souffrance et de la frustration.
Alors au bout de deux jours, j’ai décidé que cela suffisait. Terminus, tous les passagers sont invités à descendre. Ne restent que la bonne humeur et la bonne volonté. La mauvaise humeur et la frustration restent à quai, mais il ne faudrait pas grand-chose pour que les portes rouvrent et laissent entrer les mauvaises vagues.
Alors je lutte. Je lis. J’écris. J’essaie de vivre. Et je partage avec vous cette parenthèse dans ma semaine, comme pour l’exorciser et passer à autre chose. Un bout de papier grillé avec l’allumette du bonheur. Je ne pense pas être hypersensible, dont la journée internationale se tient justement aujourd’hui, mais je suis aussi une éponge à émotions. Et les gérer s’avère parfois compliqué. C’est ce qu’on appelle la vie.
Alors voilà. C’est ainsi, sur ces mots mis bout à bout, que je mets un terme à cette mauvaise humeur et que je vous donne rendez-vous très vite pour un nouvel épisode de ma vie si passionnante, mais surtout souriante. C’est bien là l’essentiel.
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