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Humeurs

Influenceurs ou « influvoleurs » ?

Depuis plusieurs mois, l’ambiance entre le rappeur Booba et Magali Berdah, qui possède l’agence d’influenceurs Shauna Events, n’est pas à la fête. Entre accusations de cyberharcèlement d’une part et de pratiques commerciales trompeuses d’autre part, les influenceurs sont au centre d’une polémique qui ne fait qu’enfler. Nouvel épisode ce dimanche soir avec la diffusion d’un numéro de Complément d’Enquête : Arnaques, fric et politique : le vrai business des influenceurs.

personne consultant son compte instagram
© Canva

Influenceurs ou « influvoleurs » ? Quel est le débat ?

Les influenceurs sont-ils tous des voleurs ? Vous avez 4h. Et de quoi parle-t-on ici ? Qu’est-ce qu’un influenceur ? Quelle est la différence, s’il y en a une, avec un créateur de contenus ?

Avec cette polémique, mise en lumière par le vengeur/rappeur Booba, les créateurs de contenus (blogueurs, youtubeurs, etc.) et influenceurs de télé-réalité sont mis dans le même sac. Et c’est précisément là que le bât blesse, car cette méconnaissance génère de nombreux raccourcis qui font passer les créateurs de contenus pour des escrocs patentés.

Booba et les influvoleurs

Quelle mouche a donc piqué Booba ? Un jour, ce dernier s’est levé du pied gauche et a décidé de mener une vendetta contre les influenceurs de la télé-réalité qui pratiquent le dropshipping, une méthode de commercialisation consistant à revendre à des tarifs élevés des produits facilement trouvables sur des sites fournisseurs à des prix défiant toute concurrence. En gros, l’influenceur recommande, via des stories Instagram/TikTok ou Snapchat, un produit X avec un joli code promo pour 25€, produit X que vous pourrez retrouver en deux clics sur Aliexpress pour 4€. Arnaque disent les uns, business is business répondent les autres.

À partir de là, Booba, sans doute pris – ou l’un de ses proches – pour un pigeon et donc devenu fort mécontent de s’être fait avoir comme un bleu, mais ce n’est qu’une supposition – s’attaque à la papesse du marketing d’influence intégralement orienté vers les influenceurs de télé-réalité : Magali Berdah, via sa société Shauna Events. Sauf que cette attaque a pris, et prend encore, des proportions totalement dantesques et surtout répréhensibles, à base de cyberharcèlement hardcore.

personne faisant un selfie en buvant son café
© Canva

Influvoleurs et créateurs de contenus : un amalgame qui fait tâche

Alors que Magali Berdah se vante d’avoir tout simplement créé le marketing d’influence en 2016, ce qui fait factuellement faux, la sphère des créateurs de contenus est en ébullition, car peu encline à être associée aux influenceurs de télé-réalité. Et c’est pourtant ce qu’il se passe gentiment, mais sûrement, dans l’esprit collectif.

La plupart des créateurs de contenus ont des préoccupations et une éthique diamétralement opposées à celles des influenceurs de télé-réalité. Ligne éditoriale, contenus, partenariats, etc., la création de contenus est un vrai métier qui a aussi ses devoirs et obligations. Ce n’est, d’ailleurs, pas par hasard si l’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité) vient de dévoiler les 150 premiers titulaires d’un certificat de l’influence responsable. Mais inutile de se voiler la face, il y a aussi des brebis galeuses qui zappent sciemment toute mention de partenariat ou de rétribution dans leurs contenus. Et c’est « à cause » de ce type de comportements limites que la frontière entre influenceur et escroc s’affine toujours plus.

Et Complément d’Enquête dans tout ça ?

Très attendu, plusieurs fois attaqué avant même d’être diffusé, le dernier numéro de Complément d’Enquête était plus qu’attendu par la communauté des créateurs de contenus et les professionnels du marketing d’influence. Et ce fut… la déception.

Pas assez fouillé sur la question des rémunérations (fixe/variable, etc.) et des dossiers problématiques (sujet de la crypto à peine effleuré), avec une ligne éditoriale parfois floue qui se perd, par exemple, dans un cas d’arnaque à la chirurgie, à charge sur l’unique personne de Magali Berdah (qui donne toutefois bien le bâton pour se faire battre, quitte à choper une tendinite), cette enquête a laissé un goût d’inachevé et n’a, à aucun moment, fait la distinction entre les influenceurs de télé-réalité et « le reste du monde », remettant ainsi une pièce dans la machine du « Tous les mêmes », avec son lot de poncifs éculés. Vraiment, peut mieux faire.

Faut-il donner le bon Dieu sans confession aux influenceurs ?

Ce que démontre cette controverse est simple : les followers/abonnés doivent faire preuve de bon sens. Les influenceurs de télé-réalité sont payés pour vendre du rêve et des produits parfois sans intérêt, c’est leur business et leurs abonnés sont là pour payer leur villa à Dubaï. Si ceux-ci n’ont pas la jugeote de se renseigner un minimum sur l’origine du produit, et bien… c’est le jeu ma pov’ Lucette. Tant qu’il y a aura de la demande, l’offre ne se tarira pas.

D’un autre côté, il est également plus que temps de légiférer sur le dropshipping et de responsabiliser les influenceurs de télé-réalité sur le contenu partagé. Se cacher derrière des arguments fallacieux comme « On construit notre société, on apprend, il y a des trous dans la raquette c’est normal » ou « C’est Magali qui m’a envoyé le lien », sous-entendu je ne regarde pas ce qu’on m’envoie… Ça suffit. En 2022, ce n’est plus envisageable. À quand une responsabilisation du secteur ? Bientôt, bientôt…

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Bulles de Flo, c'est le résultat de mes coups de cœur lifestyle du moment : culture (livres, cinéma, etc.), décoration, balades... Bienvenue chez moi !

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