Voici LA saga littéraire qui a rythmé l’été de nombreux Français : Blackwater de l’américain Michael McDowell. Publiée en 1983 aux États-Unis, elle était restée inédite en France jusqu’en avril 2022. Blackwater est une véritable fresque familiale, étalée sur six tomes, qui se dévore en un rien de temps. Voici trois raisons de vous emparer de l’ensemble de la collection, si ce n’est pas déjà fait.
Blackwater : une saga familiale addictive
En six petits tomes de 250 à 260 pages chacun, Michael McDowell a visé juste. Blackwater nous entraîne au coeur de l’Alabama, dans la petite ville de Perdido, entourée de fleuves noirs, boueux et de forêts denses. L’atmosphère y est moite, collante, presque figée dans le temps, jusqu’à ce qu’un événement météorologique rebatte définitivement les cartes et bouleverse à jamais la vie de la famille la plus riche de la ville.
Première raison : des couvertures qui hypnotisent
Véritable phénomène littéraire qui a connu un sursaut de renommée cet été, la saga Blackwater a attiré en premier lieu les lecteurs, grâce à un élément trop souvent délaissé par les éditeurs français : la couverture. Ici, tout a été pensé dans les moindres détails pour attraper la proie et ne plus la lâcher.
Coup de maître supplémentaire, chaque tome possède sa couverture digne d’une oeuvre d’art, en relief avec un superbe effet « brillant », illustrée par l’artiste Pedro Oyarbide, qui raconte les grands moments du livre si le lecteur est suffisamment attentif, le tout imprimé en France selon des procédés très techniques et qualitatifs. Résultat, Blackwater est devenue non seulement une saga à lire, mais aussi à conserver précieusement dans sa bibliothèque.
Deuxième raison : des rythmes de publication et de lecture pensés pour le lecteur
De janvier à juin 1983, Michael McDowell a, chaque mois, publié un épisode de cette fresque familiale étalée sur plusieurs générations, à raison d’un volume tous les quinze jours. Procédé étonnant, mais totalement réussi. En France, il aura donc fallu attendre 2022 pour qu’une maison d’édition – Monsieur Toussaint Louverture – sorte ces six volumes, dans l’exact même cadence originelle, au format poche.
Au niveau du rythme de lecture, tout va très vite. En quelques heures pour chaque volume, c’est plié. Les six ouvrages répondent dans l’ensemble au même schéma narratif, avec parfois une surabondance de détails pour décrire l’ambiance, ce qui pourrait lasser, mais il n’en est rien.
Troisième raison : une ville, une famille et la Perdido…
Une fois le premier tome en main, difficile de le lâcher et tout est fait pour que vous ne pensiez plus qu’à la famille Caskey pendant quelques jours, le temps de tout dévorer.
Plus riche famille de Perdido, la famille Caskey est gérée d’une main de fer par les femmes. Ce matriarcat assumé prend sa source avec la cheffe de famille : Mary-Love. Mère d’Oscar et de Sister, elle voit l’arrivée d’Élinor d’un très mauvais oeil, dans le sillage d’une crue aussi exceptionnelle qu’intense, quand tout le reste de la famille, et de la ville, tombe sous son charme. Dès lors, les deux femmes ne cesseront de mener un combat, parfois à mort, pour diriger les Caskey et membres associés, tels de parfaits pantins volontaires.
Ici, les femmes règnent donc sans partage, les hommes suivent sans se plaindre (et gare aux récalcitrants), les enfants sont échangés comme des pièces de monnaie sans que cela ne fasse lever le moindre sourcil, les caractères se révèlent au fil des pages et la ville s’agite au rythme des soubresauts de l’Histoire qui la touche plus ou moins directement. Et au-dessus de tout ça plane l’ombre inquiétante et vorace de la Perdido, rivière sombre et mystérieuse, véritable personnage à part entière.
L’atmosphère tiède du sud des États-Unis est quasi palpable, elle suinterait presque des pages si l’on n’y prenait pas garde.
Au fil des pages et des livres, le lecteur suit donc l’évolution des relations entre les membres de la famille qui s’agrandit, s’étire, se mélange, mais aussi celle de la ville et de la région toutes entières. S’ajoutent à ces histoires de famille des éléments fantastiques, voire gore quelques fois, qui font tout le sel de Blackwater.
Quant à l’histoire en elle-même, si elle monte crescendo lors des quatre premiers tomes, avec toujours ce climax de fin de livre, elle s’essoufle peut-être un peu au niveau du cinquième opus, pour s’achever en bouquet final attendu et redouté dans le tome six.
Blackwater : une saga pour le cinéma ou sur Netflix ?
En résumé, Blackwater se lit vite et laisse évidemment dans son sillage une sensation de manque, surtout quand on s’attache aux personnages. Il n’est pas impossible que cette histoire soit adaptée au cinéma ou, pourquoi pas, en série (les droits seraient en discussion), tant il y aurait à faire en termes d’adaptation. À suivre…
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