Elizabeth Jane Cochrane, plus connue sous le pseudo de Nellie Bly, a révolutionné le journalisme d’investigation, rien de moins. Du haut de ses 20 ans, cette journaliste à la plume acérée a rebattu les cartes d’un domaine réservé, à l’époque, à la gente masculine. Partez à la découverte de cette pionnière de l’investigation, grâce à la bande-dessinée Nellie Bly, dans l’antre de la folie.
Nellie Bly : 10 jours pour révéler son talent
10 jours dans un asile. New-York, 1887, Elizabeth Jane Cochrane, devenue Nellie Bly, se fait volontairement interner au sein d’un asile pour femmes. Avec son reportage, la jeune journaliste Nellie Bly a changé la face du journalisme d’investigation, à l’époque réservé aux hommes donc.
Nellie Bly : dans l’antre de la folie
En 162 pages, cette bande-dessinée retrace brillamment le séjour de la journaliste dans le bourbier du Blackwell’s Island Hospital, mais pas seulement. Entremêlé entre l’évocation du parcours de la journaliste depuis sa petite enfance et le patriarcat étouffant de l’époque, l’internement volontaire de Nellie devient presque le parfait alibi des auteures pour mettre en lumière les difficultés des femmes aux États-Unis à la fin du XIXe siècle.
Cette BD, aux multiples niveaux de lecture, revient donc sur l’étonnante et affolante expérience de Nellie qui, soucieuse de se faire une place au sein d’une rédaction avant la banqueroute, n’hésite pas à accepter une mission donnée par un rédacteur en chef en guise de test : se faire interner dans un asile de femmes pour découvrir l’envers du décor. Elle accepte, non sans avoir au préalable pris la précaution d’avoir un garde-fou, histoire de prouver sa bonne santé mentale en cas de besoin. On sait quand on entre dans un hôpital, jamais quand on en sort.
Dès lors, Nellie tient son rôle de fausse folle à la perfection, à tel point que les médecins et infirmières sur place n’y voient que du feu, tout occupées qu’elles sont à maltraiter les pauvres internées. La journaliste est au coeur de l’action et la vit jusque dans sa chair, entre mauvais traitements, tortures et rencontres avec des soeurs de douleur qui la marqueront durablement.
Nellie découvre ainsi que la maltraitance trouve sa racine dans l’incroyable chape de plomb qui pèse sur les épaules des femmes qui ne rentrent pas dans le moule du patriarcat. Filles trop nombreuses impossible à prendre en charge, femme rebelle qui refuse de se marier ou qui ne convient plus à son mari, épouse perçue comme volage… Les raisons sont aussi nombreuses que farfelues pour faire interner les gênantes.
Nellie Bly : l’investigation au féminin
À la fin du XIXe siècle, le journalisme d’investigation est encore réservé aux hommes, les femmes étant dévolues aux pages « mondanités et spectacles ». Il n’en faut pas plus pour raviver la flamme de l’injustice dans la tête d’Elizabeth – déjà marquée par une enfance compliquée – qui se met alors en tête de prouver par tous les moyens sa valeur, quitte à manger son pain noir avant de pouvoir être enfin reconnue.
Cette bande-dessinée retrace avec brio les différents éléments, professionnels et personnels, qui ont conduit Nellie à cette ultime épreuve : celle de l’internement volontaire sous une fausse identité ; un internement qui changera les choses et permettra aux journalistes féminines d’aujourd’hui d’être vues comme dignes de confiance et surtout, compétentes dans leurs domaines de prédilection.
Disponible au prix de 22€, éditée aux éditions Glénat, cette bande-dessinée a reçu le prix d’investigation Artémisia 2022.
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