Les chômeurs, cette catégorie sociale qui vit bien tranquillement des allocations les doigts de pieds en éventail sur le canapé… Se lever à pas d’heure pour aller au cinéma, au musée ou voir la mer, ça n’a pas de prix, enfin si, grâce à Pôle Emploi qui remplit le compte en banque à la fin du mois. Tranquille Émile ! Vraiment ?…
Être au chômage : un choix de vie…
Stoppons ici le chômeur-bashing : être au chômage n’est pas – et ne sera jamais – une parenthèse de facilité dans un parcours de vie. Oui, chaque individu a le droit de vouloir faire une pause, de reprendre son souffle, de prendre le temps de réfléchir à son avenir personnel et professionnel. Et pour cela il existe différentes manières de quitter son poste, de façon voulue ou non : la démission, la rupture conventionnelle, l’abandon de poste et le licenciement, à l’amiable ou pas.
Le chômage ou l’éloge de la paresse…
En France, près de 3 millions de personnes sont actuellement sans emploi et un peu plus de 2 millions exercent une activité dite réduite, selon les données de Pôle Emploi. En résumé, le pays compterait 5 millions de flemmards comptant sur la solidarité nationale pour vivre au fil de l’eau. Une affirmation volontairement choquante pour celles et ceux qui ont fait, au moins une fois dans leur vie, l’expérience d’une période de chômage. Ah oui c’est sûr, c’est la belle vie…
Le chômage et moi, et moi, et moi
Je ne fais pas mystère du fait que mon fil de vie professionnel a été jalonné de périodes de chômage. Fin de période d’essai, arrêt d’un projet professionnel nécessitant le départ de salariés… J’ai connu quelques soubresauts qui ont tous eu un point commun : la honte ressentie face aux jugements, face au regard de la société.
« Alors, quoi de neuf ? », « Vous êtes en vacances ? », « Vous avez le temps de vous balader, c’est bien »… Et bien non, je ne suis pas en vacances, loin de là. Si, physiquement, je m’octroie la possibilité de me lever tard, ma tête est ailleurs, tout le temps. Aucun répit, ça tourne, tourne, tourne comme dans un manège.
Parfois, j’embellis la vérité en disant que je suis en RTT et parfois, quand je connais bien la personne en face, oui, je l’admets du bout des lèvres, je suis au chômage. « Et comment vas-tu ? ». Ma réponse peut varier d’un « Joker » à « Ça va merci ». Mais non, ça ne va pas. Le moral est au fond du trou.
Que faire de ses journées quand on est chômage ?
Chercher du travail pardi ! Oui bien entendu, c’est la première chose logique qui sort d’un esprit logique. Et puis il y a la réalité : la fatigue accumulée durant les mois précédents cette pause forcée qui explose (et quand on souffre de fatigue chronique, cela prend des proportions dantesques), le physique qui en prend un sérieux coup, le moral attaqué, la confiance en soi dévastée… et puis il y a la question du chemin professionnel que l’on souhaite poursuivre ou changer radicalement.
Refaire son CV, préparer les lettres de motivations, regarder les offres, souffler très fort devant les fiches de poste dénuées de sens (le mouton à 5 pattes est toujours autant mystérieusement recherché, personne ne semble encore l’avoir trouvé), se demander s’il faut se reconvertir et si oui, comment…
Les journées d’un chômeur sont tout sauf un long fleuve tranquille. Dans la tête, ça mouline et dans le corps, ça encaisse jusqu’au moment où le couvercle saute. Ajoutez à tout ceci la honte sociale que certains – comme moi – peuvent ressentir et c’est le pompon.
Comment aider une personne au chômage ?
Tout d’abord, votre ami(e)/connaissance a-t-elle besoin d’aide ? Cette période de chômage peut être voulue pour prendre le temps d’une reconversion ou d’une pause mentale/physique. Si l’aide est bienvenue, prenez un café par exemple et posez des questions directes, sans détour : « De quoi as-tu besoin ? D’un simple soutien moral ? De contacts ? D’une écoute pour que tu puisses déverser ta frustration ou tes questions ? » En revanche, si vous posez ces questions, soyez sûr(e)s d’être en capacité d’écouter sans juger, de répondre présent, même si cela signifie entendre une fois, deux fois, dix fois la même rengaine. Cette aide sera appréciée à sa juste valeur.
Peut-être la personne aura-t-elle besoin d’un petit coup de pieds aux fesses pour avancer, mais attention, cette manœuvre est réservée aux personnes proches qui peuvent se le permettre, sous peine de blesser encore un peu plus le chômeur. Parfois aussi, la personne au chômage peut avoir besoin de s’isoler et ne pas répondre à trop de sollicitations pour se poser et reprendre ses esprits.
Et quand le travail repointe le bout de son nez ?
La fin du chômage signe le retour d’habitudes à reprendre et d’un ego à rebooster. Se lever tôt, à la même heure, reprendre les transports en commun ou la voiture, réfléchir, performer, devoir rendre des comptes… C’est reparti et ça fait peur.
Je reprends le travail lundi pour ma part et j’ai peur. En fait, je suis littéralement pétée de trouille et peut-être bien atteinte du célèbre syndrome de l’imposteur. Suis-je compétente ? L’étais-je déjà ? Le serais-je encore ? Vais-je tenir la cadence, répondre aux attentes élevées d’un nouveau projet professionnel ? Puis-je aller me recoucher ?…
Et là encore, tout est loin d’être rose. « Ah c’est cool, tu retravailles ! » Oui merci, en effet. J’y vais, mais j’ai peur ! J’ai l’échec en bandoulière et j’aimerais tellement m’en dépêtrer.
En conclusion, chaque cas est unique, mais d’une manière générale, le chômeur est tout sauf un glandeur, un paresseux professionnel. Oui, il y a des abus, comme partout, mais ils sont marginaux et ne doivent pas cacher le fait qu’être chômage reste une épreuve dans une vie. Alors, soyons tous solidaires !
2 Comments
danslapeaudunefille
septembre 23, 2022 at 9:38 amBonne reprise pour lundi !
Cécile
janvier 8, 2024 at 1:04 pmMerci Flo 🙏🏼