A la faveur du pont du 1er novembre et surtout d’un rhume carabiné (doux euphémisme), je me suis plongée dans une trilogie qui fait actuellement le succès de son papa Riad Sattouf : l’arabe du futur. Je l’ai dévoré en deux jours et franchement, je la conseille vivement !
L’arabe du futur : l’histoire vraie d’un enfant blond parfait et de sa famille en Syrie.
J’étais ostensiblement passée à côté pour les deux premiers opus, quand soudain… la machine médiatique a eu raison de moi et j’ai cédé. Grosse erreur réparée. Voilà donc l’histoire vraie en trois volumes – pour le moment – d’un petit enfant parfait aux cheveux blonds, né d’une mère française et d’un père syrien. Riad est un petit choupinet qui grandit entre la France et surtout la Libye et la Syrie.
Riad apprend la vie dans deux pays qui s’avèrent être des dictatures, entre Khadafi & Hafez el-Assad, père de Bachar el-Assad. Son père, Abdel Sattouf, est persuadé que le panarabisme sera la solution à tous les maux, que « l’arabe du futur » sera éduqué et résistera aux sirènes de l’islamisme. Évidemment, tout n’est pas si simple. Quant à sa mère, elle suit son époux, tout en conservant son caractère de bretonne bien trempé.
Cette trilogie est donc répartie en trois tomes : de 1978 à 1984, de 1984 à 1985 et 1985 à 1987. Et nous voilà plongés au cœur de l’enfance de l’auteur. Et quelle enfance ! Entre misère et violences physique et morale, entre religion et incompréhension des adultes et des enfants, entre admiration du père et questionnement sur ses choix, le tout joliment enrobé dans un bonheur si propre à l’enfance préservée… l’arabe du futur m’a transporté dans un monde que je ne soupçonnais pas.
L’arabe du futur : une trilogie qui dérange, qui interroge.
J’étais à mille lieux de savoir ce qui pouvait se passer à l’époque (et parfois encore maintenant je pense) et j’ai été choquée. Choquée du traitement subi par les animaux et surtout, choquée par celui subi par les enfants. Entre coups de bâton et coups de chaussures, c’est un festival ! Il ne faut surtout pas porter de jugement, mais que c’est difficile !
Et ne parlons pas des juifs. Les juifs ceci, les juifs cela… Alors attention, il faut remettre tout ceci dans la « perspective » de l’auteur. Il nous raconte son enfance, sans filtre – ou presque – et le sujet « juif » était hautement sensible dans cette région du globe. Donc cela a un « sens », si je puis dire.
Mais plus que ces sujets, c’est la figure paternelle qui m’a posée question : entre admiration totale et parfois rejet, je me suis demandée quel rapport l’auteur a fini par entretenir avec son père une fois adulte, une fois qu’il a compris (ou non) ses prises de position. Plus les années passent, plus le jeune garçon « ouvre les yeux » et fait ses propres choix. Observateur de son père, observateur de deux mondes qui jamais, à l’époque, n’étaient voués à se rejoindre… nous suivons le jeune Riad au gré de ses pérégrinations loin d’être évidentes pour un enfant.
L’arabe du futur : une bande-dessinée, un livre d’histoire.
J’ai tout aimé dans cette trilogie : le style, les bulles, l’écriture… le fond et la forme. Non seulement Riad Sattouf nous raconte son histoire, celle de sa famille (proche et élargie), les coutumes locales, mais il nous entraîne aussi dans la grande Histoire et le quotidien en Libye et en Syrie. Et c’est passionnant. J’ai appris beaucoup de choses en lisant ces trois bande-dessinées.
Ni plombante, ni désespérante, mais bien attachante et captivante, la trilogie « L’arabe du futur » allie l’utile – une leçon d’histoire – à l’agréable avec un bon moment de lecture sous la couette, tranquille Émile. Et rien que pour ça, Riad Sattouf a tapé dans le mille. C’est le moment de vous y mettre !
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