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Culture / Livre

Virginie Grimaldi x Marjolaine Solaro : l’adolescence en maux

Hasard ou non du calendrier littéraire 2024-2025, deux autrices françaises se sont penchées sur un sujet on ne peut plus d’actualité : l’adolescence et la délicate question de la santé mentale, via le prisme des idées noires et du suicide. L’une, Marjolaine Solaro, avec “Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles” paru en 2024 et l’autre, Virginie Grimaldi, avec “Les heures fragiles” paru en mai 2025. Deux romans qui se répondent et se complètent, sans même l’avoir cherché.

Les maux de l’adolescence mis en mots : deux romans à lire d’urgence pour comprendre

C’est une évidence, le sujet de la santé mentale, chez les adolescents notamment, est devenu ces derniers mois incontournable. Et à raison. Grande cause nationale 2025, la santé mentale touche tous les publics, sans distinction ou presque. Chez les plus jeunes, “une surexposition aux écrans peut entraîner des troubles du développement et du comportement, aggravant leur vulnérabilité psychique“, alors même que leur développement cérébral n’est pas encore achevé.

La série britannique Adolescence a lancé un formidable coup de pied dans la fourmillière, obligeant nos politiques à se saisir du dossier de la violence et du harcèlement en ligne qui nourrissent une santé mentale déjà fragilisée chez certains de nos adolescents. Mais que faire quand, faute d’espoir et d’envie de vivre, ils décident de passer à l’acte ? Quels sont les signaux d’alerte ? Comment s’en sortir ?

Les heures fragiles de Virginie Grimaldi : la détresse et le poids du silence en héritage

À nouveau rédigé sur le rythme que l’on connaît bien si l’on est fan de Virginie Grimaldi, à savoir un chapitre = le point de vue d’un personnage, “Les heures fragiles” ne déroge pas à la règle : il ne se lit pas, il se dévore, avec un stock de mouchoirs à proximité immédiate pour éponger les rivières de larmes qui ne manquent pas de couler.

Le synopsis est le suivant : “Diane a toujours eu des rêves simples. Un mari, deux enfants, un métier qui lui plaît, c’est plus que ce qu’elle osait espérer. Le jour où Seb la quitte, son monde vacille. Absorbée par sa peine, elle ne voit pas que le drame se joue ailleurs. Tout près d’elle, dans cette chambre qui fait face à la sienne, les rires de sa fille s’épuisent. Lou a seize ans, le mal de grandir, et son premier chagrin d’amour lui arrache plus que des larmes. Quand Diane comprend, elle est prête à tout pour l’aider. Y compris à retourner vers un passé qu’elle avait fui

Dans ce roman, la détresse de la fille vient en miroir à celle, bien enfouie, de la mère. Comment reconnaître que son enfant ne va pas bien ? Comment l’inciter à parler ? À s’ouvrir, avant qu’il ne soit trop tard ? Et en parallèle, comment faire comprendre à sa mère, à ses amis, que l’on ne va pas bien ? Sans trop en faire, avec une gravité matinée d’une certaine légèreté bienvenue, nécessaire pour reprendre son souffle, Virginie Grimaldi réussit, une fois encore, à faire passer un flux d’émotions continu à ses lecteurs.

Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles : ceux qui partent… et ceux qui restent

Une adolescente qui ne cherche qu’à être aimée, des faux amis, les réseaux sociaux et le miroir de la popularité en ligne, un rendez-vous au long cours manqué… Ce roman est à ce point précis que nous ne pouvons nous empêcher de prier pour que nos adolescents ne connaissent jamais cette détresse un jour.

Le synopsis : “À 13 ans, Solal est un collégien pas tout à fait comme les autres. Avec son année d’avance, sa puberté qui se fait attendre, et malgré l’interdiction d’avoir un téléphone portable, il navigue avec agilité dans les méandres de l’adolescence. Un jour, la très populaire Sterenn, camarade de sa classe de 3e, se suicide sans préavis. Pour Solal, c’est le choc. Depuis plusieurs semaines, Sterenn et lui avaient noué une amitié sincère, mais secrète. Comment surmonter la culpabilité de ne pas avoir su l’aider alors qu’ils étaient devenus si proches ? Comment faire le deuil d’un lien qui n’a pas existé aux yeux des autres ? Solal a beau être entouré par une famille aimante et des copains fidèles, peut-il continuer à vivre sans Sterenn ?

Dans ce roman, il y a celle qui part, Sterenn, et ceux qui restent, KO debouts. Parmi ces derniers, et en premier, Solal, l’ami caché, l’amoureux transi qui ne sait pas encore comment gérer ces papillons qui lui dévorent le ventre. Solal toujours, qui doit gérer son chagrin, son deuil, qui revit les derniers mois pour trouver la faille, ce qui aurait pu tout changer.

Et surtout Sterenn, cette adolescente populaire qui avait tout pour plaire sur le papier. Et la réalité l’a brusquement rattrapée, enchaînée et dévorée. Sterenn, cette adolescente que vous pouvez tous avoir la maison, qui passerait presque inaperçue.

Les heures fragiles x Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles : vouloir grandir, trop vite, trop fort

Trop pressées d’être grandes, les deux protagonistes des romans de Virginie Grimaldi et Marjolaine Solaro ont cela en commun. Mais pas seulement : l’importance clé de l’entourage, du premier cercle familial et amical qui ne voit rien ou ne veut pas voir, jusqu’à l’impensable.

Les deux autrices ont donc réussi, dans deux styles parfaitement différents, à écrire deux romans pensés, sans le vouloir, comme un diptyque : celui de l’avant, où comment sauver ce qui peut encore l’être, et celui de l’après, ou comment se reconstruire, mûrir, avancer dans la vie avec les miettes de vie laissées ça et là. Deux réussites à laisser traîner chez vous, comme ça, nonchalamment, si vous avez des adolescents à la maison.

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Bulles de Flo, c'est le résultat de mes coups de cœur lifestyle du moment : culture (livres, cinéma, etc.), décoration, balades... Bienvenue chez moi !

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